Le burn-out maternel,
sujet tendance et tabou à la fois, abordé
souvent de loin, sans trop se mouiller, car il faut bien le dire, se
vanter de le vivre n'est pas la première chose qui vient à l'idée
de la personne concernée...
Je ne me prétends ni explicatrice,
ni même détentrice de quelconques vérités...
Juste spectatrice de
mes propres doutes, de mes propres expériences, et de ma volonté de
savoir quelle « mauvaise mère » je suis... Ai-je
réellement vécu, ou vis-je un burn-out ?
A cet instant précis, je n'ai pas la
réponse... Délimiter la frontière entre le burn (l'épuisement) et le débordement
n'est pas chose aisée...
Mais...
Toute mère, quelle qu'elle soit,
« travailleuse » ou « au
foyer », passe par une phase, plus ou moins longue,
plus ou moins intense [douloureuse] de :
« Fais-je bien,
suis-je assez, et pourquoi mon gosse me gonfle autant ? »
Le fait-même de se questionner
sur sa maternité, sur sa « légitimité » et sur
la fatigue qu'elle cause, ne suffit pas à parler de burn-out. Il
est, je pense, tout-à-fait normal, voire
sain, de se remettre un minimum en cause, et de
« recalculer » notre angle éducatif
en fonction de la réalité de nos progénitures.
Selon ce que j'en ai lu, cette prise
de conscience est pourtant le virage qui peut tout
faire capoter. En gros, on n'est pas aussi parfaite que prévu, alors
on s'acharne jusqu'à « fondre »
littéralement...
Cependant, la mère
s'espérant parfaite traînera partout avec elle une copine
encombrante : la culpabilité.
On se sent coupable de ne
pas faire assez bien, on a honte d'en avoir ras le dos,
on se sent nullissime de ne pas accomplir en souriant toute la
logistique familiale, et on se noie, sans parfois même
s'en rendre compte, parce que comme il le faut, on le
fait.
On puise toutes les forces à notre disposition, on fonce tête
baissée et on ne voit pas le mur qui arrive en face. [crépi
en plus, l'enfoiré]
Faire un burn-out, reviendrait [à mon
humble sens] à poursuivre un idéal surréaliste, jusqu'à
s'en oublier soi-même, jusqu'à ce que le corps et l'esprit,
éreintés, craquent et hurlent STOP...
Et on passe de
débordée à débordante, de fatigue, de colère, de mésestime,
jusqu'au jour où BURN-OUT, nos gestes dépassent de nos
pensées, le contrôle se perd. Des mots trop brusques, une
fessée, parfois simplement un violent mépris...
S'en suivant le choc... Celui de
se réaliser si différente de ce que l'on est, de ce que l'on
croit. Celui de se sentir encore plus mauvaise mère que lorsque l'on
n'arrivait juste pas à remplir « le cahier de nos
charges »...
On s’écœure, on se mure, on se
tait. Personne ne comprendrait...
« Moi, cette maman si abjecte.
Ma faute, mes fautes, je ne les dois qu'à MOI, mère
incompétente. La voisine, elle, elle y arrive... [de ce que l'on
en voit...] »
Cercle vicieux où le corps entraîne
l'esprit, ou bien l'inverse, au fin fond d'un trou fait de réelles
douleurs physiques et morales. Du psychosomatique à l'état
brut(al).
S'en
sortir, c'est accepter, c'est en
parler (médecin, conjoint, amis, ou pourquoi pas
oreille inconnue et attentive).
S'en
sortir, c'est avouer qu'on n'y arrive plus, que
le rouleau n'est pas au bout, il est déjà au recyclage...
S'en sortir, c'est admettre
que l'on n'est pas mauvaise juste à cause d'un fichu grain de sable
dans le mécanisme...
S'en sortir, c'est le plus dur,
parce que c'est se faire face à soi-même, mais surtout,
faire face aux autres...
S'en sortir, finalement, ce n'est pas
d'avoir la faiblesse de reconnaître sa défaite, c'est d'avoir la
force de se sentir humaine, avec tous les défauts que cela
incombe...
Chez moi, le ménage n'est plus trop
fait [minimum syndical, et encore], je ne « travaille pas »,
mais à ce jour je n'ai plus le courage d'être partout...
Chez moi, quand les enfants font la
sieste, je la fais aussi. Pas parce que je n'ai rien à faire [au
contraire...], mais parce que mon corps ne tient pas le choc...
Chez moi le matin, il est si dur de me
lever, que ma grande passe parfois une heure à jouer sur mon lit
pendant que j'émerge... Et je remercie la fée des bébés que
Titou dorme aussi bien...
Chez moi, je suis parfois tellement en
colère que Monsieur n'entende rien [ou presque] à cette détresse
que je voudrais l'emplafonner malgré l'amour que j'ai pour lui.
Chez moi, j'ai clairement dû faire un
choix entre le bonheur de mes enfants et mes tâches d'adulte...
Chez moi, j'aimerais parfois m'enterrer
de me rendre compte que d'autres y arrivent et moi pas...
Alors, chez moi, je m'applique à voir le
joli dans de petits instants.
Je tiens un blog, où je relate le
beau, pour m'en souvenir, mieux l'observer... Parce que moi, chez
moi, je ne suis pas [ou plus] malheureuse.
Je me sens peut-être
encore un peu incomplète, mais je suis aussi un peu fière d'avoir
épargné mes bébés, quitte à passer pour la « laisse-aller »
du quartier...
Parce que tirer un trait sur mes
apparences, j'en ai eu besoin, j'en ai encore besoin.
Chez moi, le terrain est fragile,
propice au burn, pré et post partum.
JE suis fragile.
Et
aujourd'hui, je l'admets.
Peut-être un jour, une maman lira cela,
saura qu'il faut en parler, qu'il faut se dire que c'est comme une
maladie avec une longue convalescence...
Qu'il n'y a pas de honte à
« avoir honte »...
Nous ne sommes pas toutes égales,
tous égaux, face aux aléas du quotidien, et comme j'aime le dire, la relativité [de quoi je me plains,
moi], quand on est dans la merde, on s'en fout un peu...