dimanche 30 mars 2014

Burn-out maternel

       Le burn-out maternel, sujet tendance et tabou à la fois, abordé souvent de loin, sans trop se mouiller, car il faut bien le dire, se vanter de le vivre n'est pas la première chose qui vient à l'idée de la personne concernée...

       Je ne me prétends ni explicatrice, ni même détentrice de quelconques vérités... 
       Juste spectatrice de mes propres doutes, de mes propres expériences, et de ma volonté de savoir quelle « mauvaise mère » je suis... Ai-je réellement vécu, ou vis-je un burn-out ?
       A cet instant précis, je n'ai pas la réponse... Délimiter la frontière entre le burn (l'épuisement) et le débordement n'est pas chose aisée...
       Mais...


       Toute mère, quelle qu'elle soit, « travailleuse » ou « au foyer », passe par une phase, plus ou moins longue, plus ou moins intense [douloureuse] de :
  « Fais-je bien, suis-je assez, et pourquoi mon gosse me gonfle autant ? »

       Le fait-même de se questionner sur sa maternité, sur sa « légitimité » et sur la fatigue qu'elle cause, ne suffit pas à parler de burn-out. Il est, je pense, tout-à-fait normal, voire sain, de se remettre un minimum en cause, et de « recalculer » notre angle éducatif en fonction de la réalité de nos progénitures.

       Selon ce que j'en ai lu, cette prise de conscience est pourtant le virage qui peut tout faire capoter. En gros, on n'est pas aussi parfaite que prévu, alors on s'acharne jusqu'à « fondre » littéralement...

       Cependant, la mère s'espérant parfaite traînera partout avec elle une copine encombrante : la culpabilité
       On se sent coupable de ne pas faire assez bien, on a honte d'en avoir ras le dos, on se sent nullissime de ne pas accomplir en souriant toute la logistique familiale, et on se noie, sans parfois même s'en rendre compte, parce que comme il le faut, on le fait. 
          On puise toutes les forces à notre disposition, on fonce tête baissée et on ne voit pas le mur qui arrive en face. [crépi en plus, l'enfoiré]

       Faire un burn-out, reviendrait [à mon humble sens] à poursuivre un idéal surréaliste, jusqu'à s'en oublier soi-même, jusqu'à ce que le corps et l'esprit, éreintés, craquent et hurlent STOP... 
       Et on passe de débordée à débordante, de fatigue, de colère, de mésestime, jusqu'au jour où BURN-OUT, nos gestes dépassent de nos pensées, le contrôle se perd. Des mots trop brusques, une fessée, parfois simplement un violent mépris...
       S'en suivant le choc... Celui de se réaliser si différente de ce que l'on est, de ce que l'on croit. Celui de se sentir encore plus mauvaise mère que lorsque l'on n'arrivait juste pas à remplir « le cahier de nos charges »...

       On s’écœure, on se mure, on se tait. Personne ne comprendrait...

  « Moi, cette maman si abjecte. Ma faute, mes fautes, je ne les dois qu'à MOI, mère incompétente. La voisine, elle, elle y arrive... [de ce que l'on en voit...] »


       Cercle vicieux où le corps entraîne l'esprit, ou bien l'inverse, au fin fond d'un trou fait de réelles douleurs physiques et morales. Du psychosomatique à l'état brut(al).

       S'en sortir, c'est accepter, c'est en parler (médecin, conjoint, amis, ou pourquoi pas oreille inconnue et attentive).

       S'en sortir, c'est avouer qu'on n'y arrive plus, que le rouleau n'est pas au bout, il est déjà au recyclage...

       S'en sortir, c'est admettre que l'on n'est pas mauvaise juste à cause d'un fichu grain de sable dans le mécanisme...

       S'en sortir, c'est le plus dur, parce que c'est se faire face à soi-même, mais surtout, faire face aux autres...

       S'en sortir, finalement, ce n'est pas d'avoir la faiblesse de reconnaître sa défaite, c'est d'avoir la force de se sentir humaine, avec tous les défauts que cela incombe...



       Chez moi, le ménage n'est plus trop fait [minimum syndical, et encore], je ne « travaille pas », mais à ce jour je n'ai plus le courage d'être partout...

       Chez moi, quand les enfants font la sieste, je la fais aussi. Pas parce que je n'ai rien à faire [au contraire...], mais parce que mon corps ne tient pas le choc...

       Chez moi le matin, il est si dur de me lever, que ma grande passe parfois une heure à jouer sur mon lit pendant que j'émerge... Et je remercie la fée des bébés que Titou dorme aussi bien...

       Chez moi, je suis parfois tellement en colère que Monsieur n'entende rien [ou presque] à cette détresse que je voudrais l'emplafonner malgré l'amour que j'ai pour lui.

       Chez moi, j'ai clairement dû faire un choix entre le bonheur de mes enfants et mes tâches d'adulte...
       Chez moi, j'aimerais parfois m'enterrer de me rendre compte que d'autres y arrivent et moi pas...

       Alors, chez moi, je m'applique à voir le joli dans de petits instants
       Je tiens un blog, où je relate le beau, pour m'en souvenir, mieux l'observer... Parce que moi, chez moi, je ne suis pas [ou plus] malheureuse. 
       Je me sens peut-être encore un peu incomplète, mais je suis aussi un peu fière d'avoir épargné mes bébés, quitte à passer pour la « laisse-aller » du quartier...
       Parce que tirer un trait sur mes apparences, j'en ai eu besoin, j'en ai encore besoin.


       Chez moi, le terrain est fragile, propice au burn, pré et post partum
       JE suis fragile. 
       Et aujourd'hui, je l'admets


       Peut-être un jour, une maman lira cela, saura qu'il faut en parler, qu'il faut se dire que c'est comme une maladie avec une longue convalescence... 
       Qu'il n'y a pas de honte à « avoir honte »... 
       Nous ne sommes pas toutes égales, tous égaux, face aux aléas du quotidien, et comme j'aime le dire, la relativité [de quoi je me plains, moi], quand on est dans la merde, on s'en fout un peu...


6 commentaires:

  1. Comme tu dis, je pense qu'il est sain de se remettre en question en tant que mère, cela veut dire tout simplement qu'on est humaine . Je ne pense pas connaitre une maman qui n'ait pas eu, à un moment donné, un ras-le-bol ... après, c'est sur que chez certaines cela peut prend un peu plus d'ampleur et qu'il faut vraiment en parler sans ça, cela peut provoquer des dégâts un peu partout .

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    1. C'est aussi ce que j'en pense... En parler, et essayer de faire bonne mesure : ne pas se surestimer mais ne pas non plus se mésestimer. Chercher, puis trouver son équilibre... (méli mélo tout ça !)

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  2. Parfait, juste parfaitement dit, très bien écrit, super article. Franchemement tu as totalement raison d'en parler parce-que le sujet est tabou pour certaines et le reconnaitre c'est déjà un grand pas de fait.
    Je sais pas si j'ai déjà eu/vécu un burn-out maternel mais rien que le mot déjà me fait peur et ce qu'il englobe me fait encore plus peur..! De toute façon je pense que nous mère nous mettons trop la pression (c'est un fait), il faut faire comme on peut et avec les moyens dont nous disposons sans avoir tout le temps ce besoin de regarder ce que fait le voisin parce-que forcément celui-ci ne fonctionnera pas de la même manière et c'est normal. Et surtout il faut que nous mères arrêtions de nous comparer les unes des autres. Je pense que ça peut/pourrais aider sur le fait qu'il y ait burn-out ou pas.. Enfin voilà ce que j'avais à dire (je sais pas si c'est bien dit mais voilà). Courage ma belle <3

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    1. Merci Nath <3 Et oui, c'est bien dit, en tous cas, j'ai compris ^^
      Pour le courage, je prends, même si j'en ai déjà un peu plus depuis que j'ai "moins honte" de ne pas performer sur tous les plans... Apprendre à accepter ses faiblesses, c'est beaucoup plus dur que de les regarder en pleurant... Mais on fait pas mieux comme remède pour sortir la tête de l'eau !

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  3. Ton art' est pleins de vérité et touche je pense bcp de maman si ce n'est pas toute les mamans ... Qui ne passent pas par des moments de doutes de questions ..... c'est normal et complètement humain , je ne sais pas à kel moment le burn out arrive , mais je pense en avoir fait l'experience aussi du temps de ma vie maman solo et meme today ... je me remet souvent en questions et je pense que c'est essentiel dans la vie d'une maman ou d'une femme même . On ne née pas parents et donc y aura forcement des doutes et ds ra le bol .. des moments ou sa ne va plus .. par ce que meme si c'est rempli de petit bonheur , maman reste le plus dure metier au monde ;) Bisouuuus ma belle <3

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    1. C'est clair, être maman c'est pas du gâteau tous les jours. Et d'un côté, c'est bon de l'exprimer, de vider son sac et d'en repartir plus légère...
      Merci Angel !

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