mercredi 5 mars 2014

Regarde, c'est la lune !

       Ah ! Les mioches ! Toujours le mot pour rire ces petites choses-là !
     La mienne n’est d’ailleurs pas en reste, et quand il s’agit de nous en sortir de bien bonnes, c’est une championne !

       A ce que les gens m’en disent, Crapulette a un bon vocabulaire pour son âge « Elle parle bien ! » Le disent-ils par politesse ? Parce qu’elle est drôle quand elle fait un discours sans queue ni tête ? Je n’en sais rien, je n’ai pas vraiment de point de comparaison… Ce que je sais en revanche, c’est que la naine, elle a de la ressource ! Et comme y’a pas à dire, je suis vraiment trop sympa, voici un exemple de ce qu’elle peut raconter :

  « Moi, je vais prendre mon debout et ‘egader la lune

       Elle s’exécute, déniche son marchepieds (qu’elle a baptisé « debout » donc), le pose devant la porte fenêtre, se juche sur son piédestal et continue :

  « Maman ! Viens voir ! ‘Egade la lune, elle va se cacher derrière les maisons. En plus, il fait nouit (oui, exactement, nouit !), et la neige elle va bientôt tomber. En plus, moi ze suis cro fâssée avec Poli! » (NDLR Robocarpoli, son obsession) 

       OK… Alors, ma chérie, tu as une imagination florissante, mais j’avoue je saisis pas bien le fil de ta pensée… M’enfin, répondons au plus urgent…

  « Mais pourquoi tu es fâchée contre Poli ?
 « Parce qu’il a fait une grosse bêtise, alors ze suis cro fassée. En plus, moi, ben moi, ze crois que z’aime cro les carottes de lapin.
  « Oui, c’est vrai, les lapins aiment bien les carottes, tu as raison ma mimi !
  « Non ! Moi ze suis un chat ! »

       Elle miaule quelques secondes me précise que « C’était un blague ! », et repart en courant vers de nouvelles aventures, hilare et fière d’elle.

      Temps écoulé : allez, une minute. Deux en comptant la recherche du debout. Ça ne m’a pas coûté grand-chose, elle était heureuse que je l’écoute, que je lui accorde mon attention. Un moment simple, facile et joyeux. Et c’est là où je m’interroge.

       Dans la rue, j’ai assisté à une scène qui aurait pu être la même. Sauf que lorsque cet enfant a montré du doigt la lune, fier de la trouver, de la nommer… Rien. Pas de réponse. Fatalement, il a insisté. Il a répété.
        Puis a reçu la réponse, comme une gifle :

  « Ben, oui ! Alors, quoi la lune ? »
        Le gamin ne s’est pas démonté.
  « C’est la lune ! »
  « C’est bien, c’est la lune, et alors ? »

      Certes, les enfants ont souvent une logique improbable, des centres d’intérêts qui ne sont pas les nôtres, mais combien de ces adultes agacés (agaçants ?), qui méprisent la parole d’un enfant, supportent que l’on ne les écoute pas eux ? En tant que personne, qu’il y a-t-il de plus humiliant que d’être moqué ou ignoré lors d’une conversation ? Aime-t-on, nous, les grands, ne pas pouvoir en placer une, n’être que du vent, ou, à la limite un léger bruit incommodant ?


       Oui, j’en conviens, une scène n’est pas la vie entière, cet homme devait être fatigué, avoir eu une journée pourrie… Mais combien d’énergie en plus cela lui aurait-il demandé de simplement feindre un « Oh ! Comme elle est belle la lune ? »



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