mardi 6 mai 2014

Et si je l'aimais trop ?


       Mon fils... Le dire me trouble encore un peu...

    Depuis ma grossesse, enfin, surtout depuis l'échographie révélatrice, une flopée de questions ne cesse de m'assaillir à son propos.

  J'ai d'abord passé plusieurs mois à me demander si je réussirais à m'occuper d'un garçon. [les femmes enceintes ou l'ayant été le savent, nous avons toutes des monomanies plus ou moins absurdes!]


      Sortant d'une famille « à femmes », c'était carrément l'inconnu pour moi. 
       Et en boucle, tous les jours, j'avais peur de ne pas y arriver. Mon cerveau savait que c'était irrationnel, mais mon cœur n'en avait que faire !

       Il est arrivé, et il s'est avéré que s'occuper d'un bébé, avec ou sans zizi, reste s'occuper d'un bébé !

       En revanche, si dans l'absolu la manière de faire est identique, il y a une chose qui est bien différente : le regard
       Celui que je lui porte, celui qu'il me porte. 
       Ma fille et moi sommes très fusionnelles, j'ai adoré le charmant bébé qu'elle a été, mais si je joue à comparer, avec mon fils, c'est pas pareil. [au delà du fait que chaque enfant reçoit son propre amour, hein!]

       Quand Mini-boy me regarde, l'amour est carrément palpable, si je suis dans la pièce, quasi rien ne le distrait, il me regarde, encore et encore. 
       Si pour Crapulette, je me sentais « pilier », « modèle », « protectrice », pour Titou, je me sentirais presque « divine ».
Je force un peu le trait, mais c'en est pas si loin !

       Mon fils cherche constamment mon contact, visuel, physique, encore mieux !
       La Puce aimait mes bras, elle semblait s'y sentir en sécurité et en profitait pour explorer le monde autour d'elle. Toujours tournée vers l'avant, son regard si intense observait le moindre détail à sa portée. La curiosité même.
       Le Minus aime mes bras, et me cajole sans se lasser, il me couve des yeux, me caresse la joue, les cheveux, tritouille mes vêtements, mâchouille chaque bout de peau apparent [me file des coups de pieds en passant]... Je suis sa maman, et gare à qui ne comprendrait pas le message !

       Fatalement, nos relations aussi en sont différentes. Comment ne pas fondre devant ce petit bonhomme dégoulinant d'amour [littéralement, non mais quel baveur !] pour moi ?

       Et parfois j'ai peur, car me revient sans cesse mon neveu en pensées, il est lui aussi le petit frère de sa sœur [oui, j'ose cette phrase], mais sa mère s'est sans doute laissée emportée, et les différences entre sa fille et son fils sont dérangeantes
       A tel point que même le Loulou en a pâti... Comportement, apprentissage, caractère... Tout a été déformé par le laisse-passer, par un amour trop grand, par la façon dont sa mère lui a permis de jouer au bébé trop longtemps. [je me permets ce jugement car après son divorce, mon beauf m'a avoué ces choses] 
       Et ma nièce, par extension, s'est retrouvée carrément lésée, à la fin c'était même révoltant. [à nos sens communs, beauf, l'homme et moi-même]

       Malgré le fait que je n'aime pas cette femme [goût personnel, aujourd'hui j'ai le droit de le dire, j'ai du faire semblant longtemps...], j'arrive à comprendre, peut-être même compatir [pas trop quand même!]. Je ne pense pas qu'elle ait eu ou ait conscience de cela, il est bien évident qu'elle aime sa fille. Il est tout aussi évident qu'elle semble ne pas mesurer la portée de ses amours.


       Et surgit ma crainte, celle de ne savoir gérer deux façons d'aimer si distinctes, celle de basculer dans un excès ou un autre... 
       Si, moi aussi, à un moment, je l'aimais trop, mettrais-je des distances au détriment de mon fils ? 
       Si je l'aimais trop, sombrerais-je sans m'en rendre compte dans le syndrome de la mère inégale
       Si je l'aimais trop, ne ferais-je pas souffrir ma fille ?

6 commentaires:

  1. Difficile question, même si le fait de se la poser me semble sain. J'ai 2 filles et je peux te dire que je ne les aime pas pareil même si autant, je ne suis pas certaine que ce soit une question de sexe du coup. Avec l'une c'est plus charnel ( au sens contact) qu'avec l'autre et je crois que ça vient de l'enfant lui-même. Mais la je parle pour moi et je n'ai pas de garçons.

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    1. Je trouve aussi que c'est une bonne chose que ça me travaille, ça m'oblige à me remettre en question, et me pousse à être attentive afin de rectifier certains mauvais tirs.
      Je ne suis pas certaine que ce soit une question de sexe moi non plus, disons que pour moi, un bébé garçon c'est une vraie inconnue, et c'est sûrement en ça que j'imagine la différence de cette façon... Je sais pas trop, comme tu le dis, chacune vit son expérience de mère avec son propre ressenti, et surtout avec des enfants différents, fille ou garçon !

      ^^ Tu m'as fait rire en commentant ton "charnel" !

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  2. Ton billet me parle tellement ma copa! alors que je n'ai que ma fille. Mais nous sommes tellement fusionnelles et elle est constamment collé à moi que si un jour je venais à tomber enceinte de nouveau je ne sais pas de 1) comment elle réagirait, de 2) je ne sais pas comment moi je réagirais et me comporterais envers elle. C'est ce genre de questions que je me pose parfois... j'ai peur et je n'ai surtout pas envie que ma relation avec elle change. Donc voilà déjà pour ce point et ensuite j'ai tellement mais tellement peur de tomber enceinte d'un garçon (je sais c'est bête et ça n'a aucun sens), peur de ne pas savoir le gérer, peur de ne pas savoir comment m'y prendre, peur de moins l'aimer etc... et pourtant j'ai été élevé avec 3 garçons donc je connais! mais je sais pas pourquoi je fais un blocage la dessus. Mais je crois que ma principale crainte en dehors de tout ça, c'et que si je devais tomber enceinte de nouveau que ça soit d'une fille ou d'un garçon j'ai peur inconsciemment de favoriser Naélie, d'être plus proche d'elle (vu le contexte et l'histoire autour de sa naissance) et de moins aimer le petit frère ou la petite soeur. Pas facile, facile.

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    1. Je pensais tout exactement comme toi tu sais. Quand je suis tombée enceinte, j'avais passé 20 mois en fusion totale avec Crapulette. Je craignais de ne jamais pouvoir aimer autant un autre enfant, et j'avais super peur qu'on m'annonce un garçon... Pourtant, aucune de ces craintes n'existent plus aujourd'hui. Evidemment, il y a toujours un peu de jalousie dans une fratrie, c'est normal, bien sûr ce n'est pas tout rose, ni même simple. Mais quand le second (et les autres j'imagine) arrive, le coeur ne se partage pas, il s'agrandit ! Impossible de se l'imaginer concrètement sans le vivre, mais c'est exactement ça.
      Après, dans ce billet, je fais une distinction entre fille et garçon parce que c'est lié à mon vécu,, à mon ressenti personnel, et que j'ai eu beau rêver n'avoir que des filles, la relation avec un petit garçon apporte "autre" chose que celle de la fille... (l'inverse est valable)
      Mais en y réfléchissant bien, ce n'est pas certain que ce soit lié au sexe, mais plus à ma propre façon de l'appréhender.

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  3. je n'ai qu'une petite fille et je trouve ton article très intéréssant.Je te comprends mais en même temps je me demande si nous les femmes on ne se pose pas un peu trop de question...on aime surement chacun de nos enfants peut etre pas de la même manière mais avec autant d'amour...de toute façon chaque enfant étant différent aussi cela entraine une attention différente enfin ce n'est que mon avis bien sur ^^

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    1. Je suis entièrement d'accord avec toi ! L'avantage à écrire ces questions parfois loin de refléter une réalité, c'est que ça permet en quelques sortes de les sortir de la tête, de moins les rabâcher, et au final, d'y apporter un éclairage nouveau.

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