jeudi 27 février 2014

L'art de s'assumer

       Je suis mère au foyer.

       Certaines sensibilités sont heurtées par cette simple affirmation. Comme si j’avais lâché un gros mot, comme si j’avais loupé le passage au XXIe, comme si je n’avais pas eu le choix, comme si j’étais folle… La liste des « comme si » pourrait durer des heures, mais est-ce vraiment digne d’intérêt ?

       Au début de ma carrière (ouais ! Carrément !), il y a trois ans, je vivais assez mal les diverses réactions négatives auxquelles j’avais droit. Moi, guimauve power et flowers dans les cheveux, j’avais beaucoup de mal à comprendre pourquoi mon choix nécessitait une justification. En quoi ce que je faisais de ma vie, et par extension de mes journées, les regardait eux, ces gens, étrangers, à qui, en prime, je ne demandais pas l’avis ? Je n’avais rien à répondre, je souriais gentiment, et j’allais tout aussi gentiment pleurer dans ma cuisine...


vous reprendrez bien un peu de cliché ?


        Aujourd’hui, les choses ont un peu changé. 
        J’ai un peu (beaucoup) changé à ce propos. 
       Aujourd’hui, je suis bien dans mes bottes, je sais où je vais, pourquoi j’y vais, et comment je vais y aller. Aujourd’hui, je me fiche royalement de l’avis du chaland !

       Ceci explique-t-il cela ? Quoi qu’il en soit, maintenant que j’ai les crocs pour mordre, on me fout la paix ! (Ou alors, c’est parce que je suis en possession d’un mini bébé mignon et sans dent à brandir en cas d’urgence…)


       Aujourd’hui, au compatissant, je lui demande si sa super-méga-géniale nounou qui fait des activités extra avec ses enfants s’ennuie moins ou plus que moi parce qu’elle est payée.*

       Aujourd’hui, à celui qui me demande l’œil en biais si « j’ai un travail » ou si « je vais bientôt retravailler », je lui réponds, sans possibilité de retour : Je suis Maman !*

       Aujourd’hui, à celle qui pense que je fais régresser la condition féminine, je lui demande : le droit de la femme n’est-il pas d’avoir le choix ?*

    Aujourd’hui, à celui qui sous-entend que je suis une « feignasse qui fait rien de ses journées », je le prends à son jeu ! Parce que celui-là, en général, c’est celui qui sans cesse se plaint de sa charge énorme de travail. Il faut, dans une conversation, peu de temps pour qu’il en vienne à ses horaires de dingue, alors, là, tout sourire, je lui assène ma phrase fétiche, celle qui coupe court à tout débat : « Petit joueur ! Moi c’est du 24 24 ! » (Lui, c’est mon préféré ! C’est ce genre d’attitude qui me vaut d’être une peste !)*


       Je ne fais en aucun cas l’apologie de la mère au foyer ! 
       
       Non, l’apologie que je fais est celle du choix. Si mon choix est de passer le plus de temps possible avec mes enfants, on ne devrait pas me juger sur ce critère. 

      Beaucoup de débats se fondent sur du vent, j’ai la chance, la possibilité de choisir, en quoi alors le choix que je fais importe ? Je vis ma vie selon ce que je crois bon pour moi.

        Si j’avais voulu être carriériste, serais-je meilleure ? NON.

       Si j’avais dû avoir un job alimentaire, serais-je différente ? NON. (j’ai donné, merci ;) )

    Si je m’étais conformée aux attentes de la société « moderne », aurais-je été plus heureuse ? NON.*


       Alors voilà, je suis femme au foyer, et vous savez quoi ? J’adore ça !
       Et là est ma chance, comme tous ceux qui peuvent faire le boulot qu’ils aiment.



(minute culture : Anaphore procédé qui consiste à commencer par le même mot les divers membres d’une phrase.)


*listes non exhaustives !



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